Le goût de l'avenir [Saison 1] Conférence exceptionnelle
Alain Supiot
Les droits sociaux sur le marché
Mardi 19 février 2013
Conférence-débat “Les droits sociaux sur le marché” d’Alain Supiot, professeur au Collège de France, directeur de l’Institut d’Etudes Avancées de Nantes, avec la participation de Jean-Claude Guillebaud, essayiste et journaliste au Nouvel Observateur, ancien grand reporter au Monde.
Biographie
Docteur d’Etat en droit (Bordeaux, 1979), agrégé des facultés de droit (1980), membre de l’Institut Universitaire de France (2001 ; chaire Dogmatique juridique et lien social), docteur h.c. de l’Université de Louvain, Alain Supiot a été successivement professeur à l’Université de Poitiers puis de Nantes (UMR-CNRS 6028), avant d’être élu au Collège de France en 2012 (chaire Etat social et mondialisation : analyse juridique des solidarités). Il a fondé en 1995 la Maison des sciences de l’Homme Ange Guépin, qui promeut une approche transdisciplinaire des transformations du lien social . Il a présidé de 1998 à 2001 le Conseil National du développement des sciences humaines et sociales (voy. Pour une politique des sciences de l’Homme et de la société PUF-Quadrige, 2001). Il a fondé et dirige depuis 2008 l’Institut d’études avancées de Nantes. Sa carrière a été marquée par plusieurs années de recherche à l’étranger (à l’Institute of Industrial Relations de Berkeley en 1981; à l’Institut Universitaire Européen de Florence en 1989/90; au Wissenschaftskolleg zu Berlin en 1997/98). Ses travaux portent sur le droit du travail et de la sécurité sociale et sur l’analyse des fondements dogmatiques du lien social (dernier livre paru : L’esprit de Philadelphie. La justice sociale face au Marché total, Paris, Seuil, 2010).Recherches
Alain Supiot a publié seul ou en collaboration 18 livres et contribué à 37 ouvrages collectifs. Il est l’auteur de 66 articles en langue française et 66 en langues étrangères. Ses travaux se sont principalement déployés sur deux terrains complémentaires : le droit social et la théorie du droit. Ses recherches en droit social ont montré que les dispositifs juridiques fondés sur le paradigme de l’emploi hérité de l’ère industrielle ne pouvaient atteindre les objectifs qu’on leur assignait, en termes de réduction du chômage ou d’amélioration des conditions de vie. Ce constat l’a conduit à reprendre une vue juridique compréhensive du travail, qui fait place aux diverses formes de travail non salarié. Sur cette base il a étudié dans les années 90 l’ambivalence des nouvelles formes d’organisation des entreprises, qui d’un côté accentuent la déshumanisation du travail et de l’autre font naître le besoin d’un nouvel état professionnel indexé sur le temps long de la vie des personnes, plutôt que sur le temps court des échanges. Dans le domaine de la théorie du droit, ses travaux se sont inscrits dans les perspectives ouvertes par André Leroi-Gourhan en anthropologie et Pierre Legendre en histoire du droit. Envisageant le droit comme une technique de l’interdit, qui interpose dans les rapports de chacun à autrui et au monde, un sens commun qui le dépasse et l’oblige, son ouvrage Homo juridicus a mis en lumière la fonction anthropologique du droit dans les sociétés sécularisées. Ses recherches en cours sur les mutations de l’Etat social dans le contexte de la globalisation tirent les conséquences de ce régime de dogmaticité propre à l’Occident. D’un côté elles éclairent le processus de désinstitution engendré par l’imaginaire cybernétique propre à la modernité occidentale. De l’autre elles explorent les voies d’une mondialisation fondée sur la diversité des civilisations, qui permettrait d’échapper aux impasses actuelles d’une globalisation conçue en termes d’uniformisation du monde sous l’égide d’un Marché devenu total.
Bibliographie
• L’esprit de Philadelphie. La justice sociale face au Marché total, Paris, Seuil, 2010, 182 p. (trad. en 5 langues)• Homo juridicus. Essai sur la fonction anthropologique du Droit, Paris, Seuil,1ère éd. 2005, coll. « La couleur des idées », 324 p. ; 2e éd. 2009, coll. « Points-Essais », 334 p. (trad.. en 7 langues)
• Le droit du travail, Paris, PUF, coll. Que-sais-je ?, 1ère éd. janv. 2004, 127 p. ; 2e éd. nov. 2004 ; 3e éd. déc. 2006 ; 4e éd. oct. 2009 ; 5e éd. avr. 2011 (trad.. en 3 langues).
• Au-delà de l’emploi. Transformations du travail et devenir du droit du travail en Europe, Rapport pour la Commission Européenne (dir.), Paris, Flammarion, 1999, 321 p. (trad. en 4 langues)
• Droit du travail : en collab. avec G. Lyon-Caen et J. Pélissier, Paris, Dalloz, coll. Précis, 17e éd. 1994, 919 p. ; 18e éd. 1996, 1007 p. ; 19e éd. 1998, 1171 p. ; en collab. avec A. Jeammaud et J. Pélissier : 20e éd. 2000, 1219 p. ; 21e éd. 2002, 1321 p. ; 22e éd. 2004, 1353 p. ; 23e éd. 2006, 1387 p. ; 24e éd. 2008, 1516 p.
• Critique du droit du travail, Paris, PUF, 1994, coll. « Les voies du droit », 280 p. ; nouvelle éd., augmentée, Paris, PUF, 2002, coll. « Quadrige », XLIV+280 p. (trad. en 2 langues)
• Les juridictions du travail, tome 9 du Traité de droit du travail publié sous la direction de G. H. Camerlynck, Paris, Dalloz, 1987, 768 p.