Le progrès et l’évolution du vivant

Conférence #1

Le progrès et l’évolution du vivant

Mercredi 19 novembre
18h30-20h00
Lieu Unique (Plan d'accès)


Résumé
La perception de la Nature joue certainement, dans la façon dont nous souhaitons exercer nos choix, un rôle fondamental. Depuis Buffon qui déclarait que « La nature brute est hideuse et mourante », certaines visions du progrès se sont situées clairement en opposition vis-à-vis de la Nature. D’autres promeuvent une Nature foncièrement bonne et qu’il conviendrait de ne pas modifier sous peine de commettre le crime de transgression. On peut légitimement se demander si l’irrationalité n’est parfaitement pas équitablement partagée entre ces deux bords. Se superpose à cette controverse entre une nature bonne et une nature mauvaise, une dualité entre une nature stable et une nature en évolution constante. Sur ce dernier plan, il est curieux de constater qu’alors que la science a clairement montré que l’Évolution concernait l’ensemble des êtres, plusieurs oppositions se font jour. D’une part, l’opposition religieuse fondamentaliste ne peut accepter de perdre l’idée de ce monde stable où l’humain a été placé, au sommet d’une échelle des êtres. Même quand l’idée d’évolution est acceptée, on voit souvent des affirmations du genre « L’Évolution a créé les espèces et, à la fin, l’Homme est apparu ». Les récentes controverses concernant l’utilisation des biotechnologies (et le brevet sur les insertions d’ADN) concernent, entre autres, ce point. La question est de savoir s’il nous appartient de figer une situation en modifiant à la marge des acquis ancestraux ou s’il faut faire fonctionner des mécanismes naturels complexes. Les ressources offertes à l’agriculture par le milieu naturel sont-elles renouvelables ou données, créées par le passé, stables ? Doit-on tenter de conserver la biodiversité ? Doit-on « freiner l’érosion des ressources génétiques » ou (re)mettre en place les conditions de l’Évolution, génératrice de diversité ? Doit-on concevoir l’activité agricole dans le sens d’une « agriculture minière » qui exploite sans renouveler ? Doit-on garder les ressources génétiques congelées dans un grand frigo souterrain, une « Arche de Noé » moderne ou cela n’est-il qu’une survivance biblique ? Autant de questions qui engagent comme on dit aujourd’hui l’avenir de la planète (entendons l’avenir des humains sur la planète).


Pierre Henri Gouyon
Biologiste, ingénieur agronome, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et à l’AgroParisTech et membre de l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité (CNRS / Muséum National d’Histoire Naturelle).

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